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Un blog pierre sèche

Ce blogue est un carnet de maçon pierre sèche (dit murailleur). Vous pouvez visualiser quelques-unes de mes réalisations, et obtenir de nombreuses informations sur la technique de la pierre sèche. C'est également un outil pour tous les auto-constructeurs.

This blog allows one to obtain and share information about dry stone. It is written in the form of a notebook of a landscape gardener and shows my projects (walls, retaining walls, calades, stairs) as well as my landscaping work.


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5 septembre 2005

Aménagement paysagé à Camps

Photo loys 069©

 

Aménagement d'un espace rural

La pierre sèche ne se résume pas à un aménagement paysagé, à un ouvrage pour faire beau ou pour retenir la terre, ni à un phénomène de mode.

C’est une technique de construction qui nous fait participer à l’organisation globale d’un lieu. Mise en œuvre avec la seule utilisation des matériaux présents sur le site, et en se référant au contexte d’une économie de subsistance, elle permet de créer un aménagement qui se confond avec le lieu où il s’inscrit.

Elle génère alors dans l’espace une variété multiple de "terroirs ", une garantie de diversité, et l’assurance de "friches " stables, au sens où l’a étudié le paysagiste Gilles Clément.

Ce chantier, parce qu’il a été réalisé il y a vingt ans, illustre cela

C’est mon premier chantier en pierre sèche digne de ce nom. Il est situé sur la propriété familiale et a duré deux bons mois. Il s’agit d’une remise en exploitation, pâtures et terre à l’arrosage, de parcelles abandonnées.

 

Photo loys 063©

 

La pierre sèche est l’élément structurant du lieu. Le choix de cette technique m’a permis d’aménager l’espace seul, avec uniquement des outils manuels, et sans entretien préalable des voies d’accès pour les véhicules.

Aujourd’hui encore, ces ouvrages en pierre sèche organisent toujours le lieu, le drainage, le soutènement, la clôture, etc.

Le cadastre indiquait que nous possédions quelques parcelles isolées dans un endroit inaccessible, et mangé par les broussailles. Un chemin était mentionné, là où une piste à sanglier permettait encore difficilement d’accéder à un vieux pont sur la rivière.

Après quelques jours de débroussaillage le sentier s’avère être un chemin assez large. La saignée restructure très rapidement l’espace : les quatre parcelles indiquées par le cadastre se laissent maintenant deviner, ainsi que tout un réseau de fossés d’écoulement des eaux.

Le travail révèle chaque jour les indices de plus en plus nets de l’activité passée ; une haie de très vieux pruniers, un figuier, le faîte d’un cerisier majestueux, l’émergence d’un mur en pierre sèche et d’un talus.

Je nettoie tous azimuts, enlève systématiquement la sauvagine composée uniformément de prunelliers, pruniers sauvages, aubépines et de jeunes chênes. Je garde par contre tout ce qui a été planté de main d’homme, ou qui peut être greffé.

En une semaine, la couche de végétation défrichée, la surface, où il y a une cinquantaine d’années, les hommes s’activaient est désormais redécouverte.

Il s’agit d’un endroit structuré autour d’une source fine.

La source presque perdue, est à l’angle de murs en pierre sèche. Elle coule dans un bassin en terre de collection des eaux, puis un tunnel d’écoulement la fait passer sous le chemin, un fossé la draine vers la rivière.

Tout est encore là, même un verre au pied cassé et son fer pour le poser dans le mur, indiquant que l’eau était potable.

Le défrichage des abords terminés, je commence à dessoucher la parcelle à l’arrosage. Les souches et le bois sont stockés en tas pour servir de chauffage.

Lors de cette activité émergent des pierres que je trie de la terre, et qui commencent à encombrer le chantier.

Habitué à sortir les pierres des champs pour reformer les murets des bords de pâture, repetasser les morceaux de murs éboulés des talus, j’avais de quoi faire… mais je ne m’étais encore jamais lancé dans la création d’un mur de A à Z.

Les tas de pierre ne cessent de grossir. Elles me servent donc à clôturer la parcelle à l’arrosage. Je réalise alors le mur qui servira en même temps de soutènement au chemin, et de clôture au jardin en contrebas.

Je flanque l’entrée de la parcelle de deux piliers en pierre sèche, et installe un banc à côté d’un très jeune cerisier. Mon père a conçu et installé la porte en bois de buis (visible sur les photos), j’ai inscrit les charnières dans la construction des piliers. Je restaure également tous les murs de soutènement du site. Je nettoie la source, et y installe un autre banc.

 

Photo loys 066©

 

20 ans après ...

Le portail semble toujours avoir été là, le jeune cerisier est devenu aussi grand que celui que j’ai nettoyé à l’époque.

Le chemin cumule les balisages de sentiers pédestres et à cheval ; les promeneurs utilisent les bancs.

Une haie coupe-vent de cyprès, plantée à partir de semis maison, est aussi haute que des poteaux électriques.

Sur les murs poussent les joubarbes et l’orpin.

Dans le jardin, mes parents produisent les betteraves, espèces de bonbons très prisés des vaches lors des longues soirées froides d’hivers à l’étable.

Les deux autres parcelles produisent un excellent foin, et une multitude de fleurs des près, et autres orchis, y fleurissent. On y trouve également des carriolettes et des mousserons pour l’omelette Pascale.

 

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