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Un blog pierre sèche

Ce blogue est un carnet de maçon pierre sèche (dit murailleur). Vous pouvez visualiser quelques-unes de mes réalisations, et obtenir de nombreuses informations sur la technique de la pierre sèche. C'est également un outil pour tous les auto-constructeurs.

This blog allows one to obtain and share information about dry stone. It is written in the form of a notebook of a landscape gardener and shows my projects (walls, retaining walls, calades, stairs) as well as my landscaping work.


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20 octobre 2005

Mots et murailles

Dans cet article en chantier, quelques textes littéraires et autres oeuvres où l'homme cotoie, pense et utilise la pierre, et plus particulièrement la pierre sèche.

 

"Seules les pierres, pense la mort, seront longues à mourir"

 

Andrée Chedid

 

DSCN6775©

 


«  On grimpe par les zig-zags d’un sentier vénérable, tantôt parmi la sécheresse de rocs brûlés, tantôt dans la pénombre de pauvres oliviers moins majestueux que partout ailleurs, (…),la chaleur cuit.(…) Un peu de terre est parfois retenue sur cette brusque chute de rocs et il faut tout un mur pour qu’un triste olivier végète ».

Louis Cappatti dans l’article : Peillon, Revue Nice Historique, 1924, p16.

« Sur les coteaux abrupts, l’homme, péniblement, a construit de solides murs en pierres sèches que le temps à vêtu de mousses et de grisaille, afin de retenir les quelques pelletées de terre meuble qu’il a jeté sur la roche compacte ou sur l’aride pierraille ».
Pierre Isnard, cité par Louis Cappatti dans l’article : A propos de l’Armanac Nissart, revue Nice Historique, 1928, p. 24. 

 
« Quelque chose craque encore dans la toiture faite de poutres et de grosses pierres plates, qui s’élevait obliquement au dessus d’eux et n’avait qu’une seule pente, le chalet étant adossé à un ressaut de roc qui remplaçait le mur du fond. (…) quelque chose craque dans la toiture, c’est que les dalles d’ardoise, étant exposées pendant le jour à la chaleur du soleil, sont fortement dilatées par elle, puis, le soir venu et le froid, se rétractent, faisant des mouvements soudains et espacés, comme si on marchait sur le toit. » p. 12
 
 « On entendait de temps en temps le tintement d’une clochette au cou d’une chèvre quelque part dans les environs. Les chalets étaient de ci de là répandus. C’est des cabanes en pierre sèche. Une des pentes de leur toit était tout enneigée de lune, l’autre se confondait avec l’ombre qu’elle projetait sur le sol. » p. 16 
C.-F. Ramuz, dans le récit: Derborence, éditions « ne varietur » pour « La Guilde du Livre », Lausanne, sans date.

Toujours de Ramuz, cette fois ci dans "Si le soleil ne revenait pas" éditions marabout, Verviers, 1978
"Oui c'est qu'il y a le lac. oh c'est raide là-bas, c'est encore plus raide qu'ici. C'est une côte au bord de l'eau, c'est comme un coté de baignoire, ça a deux cent mètres de haut. Et la terre n'y tiendrait pas toute seule, mais ils ont fait partout des murs qu'ils ont mis les uns au dessus des autres, qui la soutiennent; et où ils cultivent la vigne avec des faussoirs, remontant chaque hiver dans des hottes la terre qui est descendue.

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"Il regarde avec stupeur passer les tourbillons de l’orage et se laisse gagner peu à peu par le sommeil, précurseur de la mort. (…). Dans quelques mois lorsque la neige aura été fondue par la chaleur (…) quelque chien de pâtre retrouvera le cadavre et pas ses aboiements effrayés appellera son maître".

"Autrefois les débris humains trouvés dans la montagne devaient reposer à jamais à l’endroit où le pasteur les avait découvert. Des pierres étaient entassées sur le corps et chaque voyageur était tenu d’ajouter son caillou au monceau grandissant. Maintenant encore, le montagnard qui passe à côté de l’un de ces tombeaux antiques ne manque jamais de ramasser sa pierre pour en grossir le tas. Le mort est maintenant inconnu, peut-être même est-il resté toujours inconnu ; mais de siècle en siècle, le passant ne cesse de lui rendre hommage pour apaiser ses mânes".

RECLUS Elisée, Histoire d'une montagne: Gollion-CH, édition infolio, collection Archigraphy poche, 2011, 207p


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Si aujourd'hui, dans nos contrées, construire en pierre sèche est un acte souvent esthétique, comme partout ailleurs, à l'époque où le caddie n'existait pas, il était dicté par la nécessité pour l'homme de s'adapter à son environnement en utilisant au mieux les matériaux et les ressources qui l'entourent.

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Le film de Wang Quan An, Le mariage de Tuya, interprété par la superbe Yu Nan, prend pour décor l'environnement paysan de la province de la Mongolie Intérieure en Chine. Vous y verrez, encore en vie et en état de marche, des structures et des constructions en pierre sèche, le tout vibrant de lumière et de sentiments. 

 

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La chanson du murailleur

Le silence des mots, obscur et lent empilement de signes,
comme l’odeur de la pierre sur mes mains de retour le soir, 
au bout du mur,
est un lieu rond où je me rends, patient, visage buriné, 
écrit sur toutes les faces,
où s’ouvrent toutes les portes et qui les condamne toutes.
Le silence des mots
au bout du soir, le labeur terminé,
il est juste derrière
ce n’est pas un secret
c’est le seul lieu où je ne suis plus seul.

Louis Cagin I/05


Trois extraits, souvenirs de jardinier, trouvés dans "calendrier perpétuel" D'ernst Jünger, (Bruxelles 2006, Artgo éditeur)


"27 juin 1967: La petite économie. Dans la cour de devant les joints d’entre les pavés sont remplis de pâquerettes. En retournant le jardin, on découvre sans cesse de nouvelles pierres : il faut les exhausser. Je les réunis en un tertre, le couvre de terre et y plante de la mousse. Il commence à fleurir, la décharge s’est changée en un lieu charmant. Les algues fleurissent elles aussi ; le marbre des pierres tombales se teinte de rouge. »

"16 septembre 1970 : Le printemps humide a tout fait monté en tige : La mousse du tertre, les coloquintes, les zinnias.(…)" 

« 6 septembre 1972 : Sous la tonnelle, un jeune hérisson, qu’Indra (ndl : le chat)  a flairé et qui n’a pas tardé à disparaître.Ces petites créatures savent se dissimuler dans les jardins comme peu d’autres.Mais quels habitants ou quels visiteurs ont-ils élu mon tertre de pierres, que j’avais si richement couvert de mousse verte et qui a maintenant l’allure d’une ruine ?"


Philippe Jaccottet dans le recueil poésie à la nrf

Poids des pierres et des pensées

Songes et montagnes
N'ont pas la même balance

Nous habitons encore un autre monde
Peut-être l'intervale.
 
Paul Celan (recueil "De seuil en seuil" p. 71) "Et la beauté"


Et les pierres que tu as entassées,
Que tu entasses,
Vers où jettent elles les ombres et jusqu'où ?
Et le vent qui les effleure;
et le vent dérobe-t-il une ombre à ces ombres,
la met-il à tes mesures ?"

"Und die Steine, die du haüftest, die du haüst : wohin werfen sie die Schatten, und wie weit ?  Und der Wind, der drüber hinstreicht, und der Wind : rafft er dieser Shatten einen, miSt er ihn dir zu ?"
comme incitation de l'heure


Toujours Paul Celan, mais cette fois ci dans le recueil "Grille de parole" p.47

Nuit
Cailloux et galets.

Et un éclat de verre, grêle
Echange d'yeux, enfin, à contre temps :
résistant à l'image
devenu bois
la rétine
en signe d'éternité.
Pensable :
Là haut, parmi les travées du monde,
Stellaire,
le rouge de deux bouches.
Audible (avant l'aube?) :
une pierre, qui prit une autre pour cible


Trois derniers: 
"Quelle que soit la pierre que tu lèves."
 
Quelle que soit la pierre que tu lèves -
tu découvres ceux qui ont besoin de la protection des pierres
nus,ils renouvellent maintenant le tressage.
Quel que soit l'arbre que tu abats -
tu menuises le cadre du lit sur lequel les âmes de nouveau s'agglutinent
comme si, lui non plus, il ne tremblait pas,
cet éon.
Quel que soit le mot que tu dis -
tu rends grâce à perte et péril
Dans le recueil "renversé du souffle"
 
Dans les fleuves, au nord du futur,
je lance le filet que tu alourdis,
hésitant,
d'ombres écrites par des pierres
La Halde (Dans le recueil "De seuil en seuil)
 
Tu vis à côté de moi, comme moi
comme une pierre
dans la joue creuse de la nuit.
O la halde bien aimée,où nous
Roulons sans cesse,
Nous pierres,
de rigoles en rigoles,
Plus rondes à chaque fois,
Plus semblables, plus étrangères.
O cet oeil ivre
qui comme nous erre alentour,
et qui parfois, surpris,
nous voit en un.

Lu dans "La Raison", de Pascal Quignard, biographie de Porcius latron (-57, -4 AJC), Edition le promeneur, Paris, 1990, un paysage antique en quelques extraits: 

"C'est à peu près dans ce temps là qu'il souhaita s'éloigner du Viminal et des collines les plus urbaines (note de lecture :  nous  sommes ici à Rome en -24), Il trouva à se rapprocher du Tibre (...). Il ne voulu qu'une cabane de pierres plates sans mortier, avec deux pièces sans fenêtres. (...). Il mit deux ans à faire recouvrir la cahute de tuiles neuves et jaunes (...) le sol était sans pavement, il mettait des tapis de laine sur le sol pour s'asseoir."

"L.J. Gallion devint sénateur, Porcius Latron ne devint rien. Sur le bord de la rive, devant la cabane de pierres sèches, les inondations et la pluie avaient mis à nu des gros caïeux qui sortaient de terre. derrière la maison il y avait un bois d'olivier et un champ planté de froment moissonné.(...) plus loin s'étendaient la vigne et la plaine."

"Auguste citait volontiers ce mot de Porcius : ' Mon corps est un ru de boue qui n'est pas continu. Ma demeure un amas de cailloux qui tient debout par hasard. Ce que j'ai inscrits ce matin sur mon morceau de buis est moins personnel que ce que la bave lumineuse de l'escargot a noté sur sa feuille de laitue.' "


Dans "La gloire de mon père" de Marcel Pagnol :


"Cependant mon grand-père, qui n’était pas « monsieur l’aîné », n’hérita pas de la cartonnerie et il devint je ne sais pourquoi tailleur de pierre. (…) Il me parlait souvent de son métier ou plutôt de son art, car il était maître appareilleur".

Il n’estimait pas beaucoup les maçons : « Nous disait il, nous montons des murs en pierre appareillées, c'est-à-dire qui s’emboîtent exactement les unes dans les autres, par des tenons et des mortaises, des embrèvements, des queues d’arondes, des traits de Jupiter… bien sur nous coulions aussi du plomb dans les rainures, pour empêcher le glissement. Mais c’était incrusté entre deux blocs, et ça ne se voyait pas ! Tandis que les maçons ils prennent les pierres comme elle viennent, et ils bouchent les trous avec des paquets de mortier … Un maçon c’est un noyeur de pierres, et il les cache parce qu’il n’a pas su les tailler. »

Plus loin lorsque le petit Marcel s’est perdu en voulant suivre son père à la chasse… « Je découvris une sorte de hutte conique, faite de pierres plates, et très ingénieusement disposées. Chaque rang circulaire avançait vers le centre, de la largeur d’un doigt, si bien qu’au sommet, les cercles diminués à chaque étage, finissaient par se rejoindre. Le dernier laissait un vide grand comme un assiette, qui était couvert d’une belle pierre plate. La vue de ce refuge me rappela ma triste situation. (…) Je n’y entrais pas tout de suite (…)A travers le trou qui servait d’entrée, je plongeais un rameau de pin, que j’agitai dans tous les sens, en proférant quelques menaces. Le silence me répondit. Avisant une meurtrière, j’examinais l’intérieur. Il n’y avait rien si ce n’est une couche d’herbes sèches, sur laquelle un chasseur avait du dormir. Je me glissai dans la hutte que je trouvai fraîche et sûre, là du moins je pourrai passer la nuit à l’abris des fauves nocturnes mais je constatais avec inquiétude que le trou d’entrée n’avait pas de porte !… J’eus aussitôt l’idée de réunir un bon nombre de pierres plates et de le boucher par un petit mur (…).Première déconvenue, il n’y avait pas une seule pierre plate autour de la hutte. Où donc le berger avait il trouvé celles qui lui avaient servi ? Je compris dans un éclair de génie qu’ils les avaient prise là où il n’en restait plus. Je n’avais qu’à chercher plus loin, ce que je fis avec succès… Pendant que je transportais ces matériaux –qui m’écorchaient les mains- je pensais : « pour le moment personne n’a d’inquiétude. Mais quand ils (les chasseurs, le père et l’oncle de l’enfant Marcel) vont rentrer quelle catastrophe. Maman va peut être s’évanouir ! En tout cas elle va pleurer. Sur quoi je me mis à pleurer moi-même, tout en serrant sur mon ventre écrasé une pierre parfaitement plate, mais qui pesait autant que moi. »


La BD de Baudoin, "Couma aco", éditée par "l'association" parle d'un grand père murailleur... 

Toute l'émotion que l'on éprouve à construire un mur en pierre sèche est résumée en quelques dessins.

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"Est-ce le mur qui tient l'arbre ou le contraire?
et les racines, jusqu'où vont-elles?
je ne sais pas. Des hommes ont habité là. Quand je frappe avec ma serpe sur les ronces qui effacent les chemins, je sens ces hommes dans mes bras."

Baudoin 02



" Là couma aco es béu!"

Dans "Le Fleuve Alphée", de Roger Caillois aux éditions Gallimard, 1978

"Elargissant sans cesse le cercle d'une solidarité qui me diluait au plus lointain de moi même, j'en vins à rencontrer dans les pierres la récompense souhaitée. Elles se révélèrent peu à peu comme un album gigantesque. Situées à l'extrême de la taciturnité, elles étaient placées du même coup aux antipodes de l'homme et de la pensée. Je les devinais contenir en leur masse impassible et perdurable la totalité des transformations possibles de la matière, sans rien en exclure, ni même la sensibilité, l'intelligence, l'immagination."

"Subsistent les pierres qui sont un monde à elles seules; peut-être qui sont le monde, dont tout le reste, l'homme le premier, sommes excroissances sans durée."
 
"Dans le même temps je cherche à donner à mes phrases, même transparence, même dureté, si possible, -pourquoi pas?- même éclat que les pierres. (...) Les pieres, présentes à l'origine des choses, se confondent avec les choses mêmes. Et rien d'humain qui ne leur soit irrémédiablement étranger. Elles subsisteront dans l'espace sidéral après l'universelle et l'inévitable dissolution. Les vestiges d'un parasite d'un jour ne seront plus que trace dans l'épaisseur des pierres. Fossile pour personne.
Je laisse les images m'assaillir, prolonger la pierre, (...). Je n'attends pas d'accéder à quelque révélation. C'est une simple pierre que j'ai toujours sous les yeux. Qui ne me dévoile pas le moindre secret.(...) Je ressent un calme bonheur. Je me trouve récompensé, (...). Je reçois la confirmation d'un savoir que je ne savais pas m'appartenir."


Dans "Respirer l'Ombre" de Giuseppe Penone, aux éditions E.N.S.B.A, 1999-2004

"La pierre attend les mouvements végétaux. Elle est comme un fragment de mer. Elle a la même valeur visuelle que l'eau qui inclue les récifs et lèche la côte mais, contrairement à la mer, c'est elle qui est peu à peu enveloppée par l'expansion lente et fluide du végétal"

"La capacité qu'ont les pierres de se soulever du sol ressemble à celle des albatros qui, grâce à l'envergure de leurs ailes, exploitent les courants ascendants de l'air,"

"Une pierre qui se lève de terre sous l'effet de la pluie, de la rosée. Une pierre qui vit les variations de l'humidité du milieu où elle se trouve est une sculpture en plein air. La corde végétale qui attache la pierre, rétrécit avec la pluie et la soulève."


Trouvé par un ami dans le "Journal de bord" de Pierre Guyotat, qui résume en quelques mots le conte de "Jean des pierres".
(Ce conte d'origine bretonne, raconté par Pierre Jakez-Hélias "Les autres et les miens" a récemment été repris par J.Y. Royer dans une version "murailleur provençal" et chanté par Renat Sette, et également joué par Roger Pasturel.

"Un soir de tempête, il était couché avec sa femme, mais il ne pouvait dormir. Il se retournait sans cesse dans son lit. Tout à coup, à sa femme: "Il faut que j'y aille, j'entend une pierre qui souffre, elle m'appelle!". Le lendemain matin on l'a retrouvé mort. Le mur s'était écroulé autour de lui, mais aucune pierres ne l'avait touché dans sa chûte. Il serait sur son coeur la pierre qui souffrait."


Un autre conte, mettant en scène lui aussi le carractère d'un murailleur. Il s'agit de "La Grande muraille", de Claude Michelet édité en 1981 aux éditions Robert Laffont. Firmin y hérite d'une parcelle de pierre, il passe sa vie à en faire un jardin, clos d'une monumentale muraille maçonnée à sec.

"Je suis le riche propriétaire d'une pièce que personne n'a jamais pu cultiver et que personne ne cultivera jamais car les cailloux cachent la terre"
"Les hommes s'étaient servis du lieu pour se débarrasser des innombrables pierres ramassées dans les champs. A la base des tas c'était les gros moellons, ceux qu'on enlève lorsqu'on décide de défricher une pièce. Et puis peu à peu par étage le volume des quartiers diminuaient. Les tas étaient couverts de petites caillasses grosses comme le poing que des générations de femmes et d'enfants avaient glannées derrière les herses."
"Une belle muraille, pas avec des pierres en vrac mais avec des pierres que je rangerai et chacune aura la place qu'elle devra avoir"
"Un quartier monstrueux, d'au moins quatre quintaux l'occupa pendant plusieurs jours car il voulait coûte que coûte que ce rocher prenne place dans les fondations"
"La muraille atteignit un mètre ciquante de haut. A sa base une large bande de terre rouge, mis au jour par l'enlèvement des pierres se fendilla sous le soleil."
"Et la muraille s'éleva, belle, majestueuse. Elle s'étira peu à peu comme un long reptile blance. Derrière sa tête monstrueuse, couverte d'un jardin fleuri,elle déroula son corps en une courbe douce qui épousa la forme du champ."


Gérard de Nerval "vers dorés"

"Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres"


Une saison en enfer, Arthur Rimbaud

"Si j’ai du goût, ce n’est guère
Que pour la terre et les pierres.
Je déjeune toujours d’air,
De roc, de charbons, de fer.
 
Mes faims, tournez.
Paissez, faims, Le pré des sons.
Attirez le gai venin
Des liserons.
 
Mangez les cailloux qu’on brise,
Les vieilles pierres d’églises ;
Les galets des vieux déluges,
Pains semés dans les vallées grises "


Un texte de André Frénaud

"Plainte du dernier restanquère

Dans la Provence et les montagnes
Allant de commune à commune
Avec mes mains pour seuls outils
j'élève et je maintiens les murs.
Le sol en pente, je l'arc-boute
Pour l'établir en terre ouvrable.
Cet art si beau qu'on m'a transmis
C'est l'architecte de la terre
Je suis compagnon Retanquère.
J'étais car tout ça c'est perdu. "


"Qu'est-ce donc qu'être quand on ne sait pas ce que l'on est ?
- Être, comme la pierre. Un lieu, rien d'autre."

Fernando Pessoa


"Tout change, quoique pierre"

Monet


"Je voudrais visiter les nuages et saluer les pierres"

Yuan Hongdao
In ' Nuages et pierres' édition Picquier poche


Dans apprendre à parler à une pierre d’Annie Dillard, éditions Christian Bourgeois

« Il y a un homme la trentaine qui habite seul avec une pierre à laquelle il essaie d’apprendre à parler (…) c’est un galet de plage, ovale, grand comme la paume, dont le gris sombre est strié par une bande de blanc qui court tout autour (…) une de ces pierres que nous appelons pierre à souhaits, pour des raisons obscures mais pas inimaginables, je crois. »

 

« Il la garde sur une étagère. D’habitude, la pierre est protégée par un carré de cuir brut, tel un canari endormi sous sa couverture. Larry ôte la couverture pour les leçons de la pierre (…). »

 

« Nous sommes ici pour être témoin. Nous ne pouvons rien faire d’autre avec ces matériaux muets dont nous n’avons pas l’usage. D’ici à ce que Larry apprenne à parler à sa pierre, d’ici à ce que dieu change d’avis ». « Nous pouvons mettre en scène notre propre action sur la planète – construire nos villes sur les plaines, construire des barrages sur les rivières, ensemencer ses terres fertiles –mais notre activité signifiante couvre bien peu de terrain. »

 

« Le silence est tout ce qu’il y a, l’alpha et l’oméga. Dieu planant sur les eaux, les notes mêlées de dix mille choses, la plainte des ailes (…) » 



Une pierre sur l’autre 

Passent et repassent 

Le jeu des perspectives 

Le choix des volumes et des formes

  

Perdu dans le détail 

A faire tenir debout le hasard 

L’attention en grand écart à l’horizon 

Sur le fil tendu de la tâche

  

Au centre ‘le beau’ 

La matière que j’agis 

Et qui me laissera passer,

 

Immobile,

 

Nourrie de mes gestes 

Tels qu’ils l’ont laissée

 

Là 

Où je ne puis rester.

 

L. Cagin, les chansons du murailleur


La grotte aux lotus

« Les pierres de la grotte sont belles à croire qu’elles sont vivantes, encore plus parfaites que si elles avaient été sculptées.

J’aime a le répéter, les collines des environs ont une ossature de pierre sous un épiderme de terre, elles sont creuses à l’intérieur et ouvertes de tous côtés et leur relief s’est enhardi au fur et à mesure que l’on en a extrait des pierres.

(…) Si la montagne laissait mieux voir son ossature, quelle ne serait pas sa merveilleuse beauté ? »

Yuan Hongdao
In ' Nuages et pierres' édition Picquier poche
 


Trouvé dans "Jean le Bleu" de Jean Giono, edition Grasset 1932

"Les allées étaient pavées de petits cailloux plantés de champ. Soeur Dorhotée était la paveuse. On la trouvait toujours, et toujours tout à coup, accroupie dans une bulle d'ombre. Elle alignait ses petites pierres en des arcs de cercle dont la largeur du chemin ne laissait apercevoir qu'un segment: le segment visible et paisible abrité par le couvent. Le reste du cercle s'en allait en fumée dans le jardin, dans le monde là bas, loin, loin, au delà des murs et des collines qu'on apercevait un peu, et dieu seul sait par où il s'en allait tourner avant de revenir dans les mains de soeur Dorothée."

 



Avec leurs mains sur leur tête
ils avaient monté des murettes
jusqu'au sommet de la colline

Jean Ferrat



Pierre à pierre, le silence

Une saison de gel
sauvera nos derniers mots

Jean-Claude Izzo, L'aride des jours, editions Librio 2001


"Si tu me dresses un autel de pierre, ne le bâtis pas de pierres taillées, car à les tailler au burin, tu les profanerais".

Exode (20, 25)



"C'était, là-bas, dans l'ouest de la Cornouailles, une matinée blanche, immobile, au milieu de l'aspect primitif de la lande et des énormes blocs de granit qui faisaient saillie hors de terre. On comprend et facilement que les hommes adorent la pierre. Ce n'est pas la pierre. C'est le mystère de la terre, puissante et préhumaine qui montre sa force".

D.H. Lawrence, Kangourou, editions Gallimard


"Devant la montagne un rocher est constitué d'innombrables fragments de pierres, aérolithes créés par le vent, quartz créés par la terre, pierres ponces créées par la mer, cendres crées par le feu, fragments ressoudés au long d'une succession d'âges si infinie que la pensée ne peut le concevoir"

Liu Tong, in "les paradis naturels", Jardins chinois en prose, éditions Picquier poche


"Se glisser dans la texture des pierres
Pénétrer la trame des murailles"

Andrée Chedid, recueil "Au coeur du coeur"

 


Le site de Pierre d'Iris propose une sélection de textes écrits à partir d'une inspiration liée à la pierre sèche.

 



Vous êtes passés par ici, n'hésitez à faire vivre cet article en indiquant des textes qui pourraient y être inséré, merci d'avance de laisser un commentaire pour me les indiquer.

 

 Mis à jour le 10 janvier 2016

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